Rationnement Les alternatives possibles au maïs grain sec en vaches laitières
Eva, conseillère indépendante en élevage, détaille six alternatives possible au maïs grain sec dans la ration des vaches laitières.
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Même si les dernières parcelles de maïs grain ont été récoltées très tardivement en France, le volume en grain sec est à la hausse avec plus de 12 millions de tonnes en 2023. Le rendement avoisine les 100 q/ha.
Mais comme les années agricoles se suivent et ne se ressemblent pas, mieux vaut avoir plusieurs cordes à son arc. Il est possible d’envisager des alternatives au maïs grain, quand son prix atteint des sommets lorsuq'il est impossible de s'en procurer ou bien quand un cahier des charges empêche son intégration dans les rations.
1. Maïs grain humide
L’intérêt du maïs grain humide (MGH) réside dans une très bonne valorisation de l’amidon. Même si la valeur énergétique, exprimée en UF/kgMS, est équivalente à celle du maïs grain, le maïs grain humide permet de densifier la ration. En effet, le niveau énergétique de la ration peut être augmenté avec du MGH sans encombrer de manière significative le rumen. L’amidon est dégradé plus rapidement dans le rumen quand le maïs est en format grain humide plutôt qu’en grain sec.
2. Betterave fourragère
La betterave fourragère offre un apport énergétique concentré, facilement digestible, consommée en frais ou au pâturage. Son faible encombrement permet d’en distribuer jusqu’à 5 kg de MS dans des rations fibreuses. En ration à base d’ensilage de maïs, il est recommandé de ne pas dépasser 2 à 3 kg MS par vache et par jour. Cependant, sa conservation et sa distribution peuvent être des freins à son incorporation dans les rations des vaches laitières.
3. Mélanges céréaliers et protéagineux diversifiés
Les mélanges de céréales, (comme l’avoine, le blé ou l’épeautre) avec des protéagineux (tels que la féverole, la vesce ou le pois) offrent une alternative intéressante au maïs grain. Ce que l’on peut considérer comme un bon mélange est un méteil composé à 65 % de protéagineux et 35 % de céréales. Avec une présence majoritaire de légumineuses, le taux de matière azotée de l’aliment peut atteindre 16 %. Un mélange céréalier permet aussi un apport d'énergie et d'amidon : 1,04 UFL/kg MS et 550 g/kg d'amidon.
4. Coproduits agricoles
Les coproduits de l’industrie agro-alimentaire et agricole, tels que les drêches de brasserie, les cossettes de pommes de terre ou les légumes décongelés peuvent être utilisés comme source alternative d’énergie pour les vaches. Selon le taux de matière sèche et la conservation des coproduits, ils peuvent être intégrés dans les rations pour vaches laitières et faire économiser des VL du commerce.
5. Luzerne - toute proportion gardée
Cette plante fourragère riche en protéines est depuis longtemps prisée pour son potentiel nutritif. Récoltée et distribuée sous des formes variées (foin, pur ou en mélange, déshydratée, granulés, …), elle apporte à la fois de l’énergie et de l’azote. Une luzerne déshydratée avoisine les 18 % de MAT avec une valeur énergétique de 0,75 UFL quand un maïs grain sec frôle les 1,07 UFL/kg pour seulement 8 % de MAT. On ne peut donc pas remplacer du maïs grain sec par la même proportion stricto sensu de luzerne déshydratée. Par contre, il est envisageable d’intégrer de la luzerne dans la ration pour diminuer la quantité de maïs grain.
6. Technologies de traitement des aliments
Des ajouts d’additifs, en association avec de l’urée, dans des céréales humides permettent d’augmenter la valeur azotée des aliments. Quand on sait que l'équilibre énergie/azote permet d'optimiser l'efficacité de la ration, il peut être intéressant de stimuler la part d'azote de certains concentrés.
Deux produits utilisateurs de ce procédé, sont connus en France : le Maxammon et l’Aliplus. Même si les additifs (enzymes, levures, oligo-éléments, huiles essentielles + urée) et les procédés ne sont pas identiques, les analyses comparatives réalisées par le Laboratoire Agronomique de Normandie ont montré des résultats similaires : un gain de 5 points de matière azotée, une valeur UFL inférieure à 1 UFL/kg MS pour le blé. Ce procédé est intéressant pour des éleveurs qui souhaiteraient sécuriser la valeur alimentaire de leurs céréales.
Remplacer le maïs grain ne doit pas être un objectif. Il est nécessaire pour garantir une source d'amidon lent qui maximise le potentiel digestif de la vache. Des circonstances de marché peuvent obliger à s'en affranchir. Ces quelques alternatives évoquées ne prétendent pas remplacer à 100% l'efficacité d'un maïs grain, mais de pallier autant que possible à son intérêt zootechnique.
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